mercredi 30 novembre 2016

Bakel; Réunion de partage sur l'accélération de l'abandon de l'excision au Sénégal.

Le  Préfet du département de Bakel, monsieur Mamadou Mbaye, a présidé la réunion de partage sur l’accélération de l'abandon de l’excision au Sénégal, ce mardi 29 novembre 2016 à 10 heures précises à la salle de délibération de la Mairie de Bakel, avec les membres du  CDPE et l’ONG Tostan dans l’optique de permettre à ces deux partenaires de faire le point sur les activités réalisées et les résultats du plan d’action (CDPE/TOSTAN).
Il s’agissait de présenter les activités menées sur le terrain et les résultats du plan d’action (CDPE/TOSTAN), relatifs aux respects des  droits humains en général et à l’abandon de l’excision en particulier, dans le département.
C’est dans les zones du Nord, du Sud et de l’Est que la proportion des filles âgées de moins de 15 ans est la plus importante avec des taux qui varient entre les régions : Kédougou (36%), Matam (53%), Sédhiou (51%), Tambacounda (42%) et Kolda (46%) et Ziguinchor (32%). Ces chiffres témoignent de l’ampleur du problème et expliquent combien cette pratique constitue un obstacle pour la santé de la jeune fille et une atteinte à ses droits.
Ainsi,  considérant que ces pratiques peuvent engendrer des problèmes psychologiques et sociaux, et qu’elles sont généralement à l’origine de problèmes de santé lors des accouchements, avec des complications pouvant entrainer la mort de la mère ou celle du nouveau-né, les autorités étatiques, les associations et les ONG ont développé des initiatives et stratégies d’intervention pour promouvoir leur abandon définitif.
SITUATION DANS LE DÉPARTEMENT DE BAKEL
Bakel est une  zone  située à l’Est  du Sénégal et  est frontalière avec  la Mauritanie et le Mali.  Cette situation en fait un véritable carrefour ethnique et multi- culturel où Bambaras, Peuls, Soninké, Wolofs et autres cohabitent et perpétuent leurs traditions ancestrales.
L’enclavement et l’analphabétisme ont favorisé le maintien des pratiques néfastes à la santé telle que l’excision, le mariage des enfants et les mariages forcés.
Tostan et ses partenaires, en particulier l’UNFPA, interviennent  depuis  2000 pour  appuyer l’action de l’état pour l’abandon total de l’excision.
Le Comité de protection des enfants, intervient  depuis  2000 pour  appuyer l’action de l’état pour l’abandon total de l’excision.
Le CDPE DE Bakel, partenaire exécutant du programme,  fera le point sur la situation de l’abandon de l’excision dans le département qui est aussi confronté à la persistance du fléau.  Le  phénomène continue à prendre de l’ampleur malgré son interdiction par l’adoption de la loi n° 99- 05 du 29 janvier 1999 qui fut un acquis de taille. Cette loi permet essentiellement de réprimer la pédophilie, les violences conjugales, les mutilations génitales féminines et le harcèlement sexuel. Elle a défini le viol et a rendu plus sévères les sanctions pénales. Dans la pratique cette loi n’est pas ou est peu appliquée : l’impunité persiste.
Pour atteindre ses objectifs dans le département de Bakel, Tostan  a mis à  contribution des acteurs multisectoriels  et multi acteurs  ( CDPE, Imams, ICP, AMS,  Enseignants, OCB, GPF, CLVF, les comités de veille, les jeunes) pour des actions de communication, de plaidoyer, sensibilisation pour l’abandon totale de l’excision en promouvant des argumentaires médicaux et juridiques et la vulgarisation de la loi  interdisant cette pratique mais aussi en termes de capacitation des jeunes dans l’identification, la prévention, la gestion des conflits et au rapportage des cas pratiques néfastes et violences faites aux filles  , les actions à entreprendre pour le respect des droits humains. Jusqu’à ce jour, sur les 184 villages officiels que comptent le département, seuls 26 villages sont encore réticents. C’est dire que 158 villages ont été sensibilisés et ont signé l’acte de déclaration d’abandon de l’excision.
Pour les villages réticents visités par Le CDPE on peut noter Diamwelly, Carrefour, Kadiel, Samba Yidé, Ouro Thierno, Samba Niamé, Diboly Foulbé, Kahé, entre autres. Mais ce qui paraît le plus important aux yeux des communautés musulmanes qui refusent d’abandonner   c’est de savoir le statut de cette pratique dans la religion. « Est-ce une obligation ? Est- ce une Sunna ? Est- ce licite ? Est-ce un bienfait pour les filles ? Sur quoi peut- on fonder son interdiction ? » autant de questions à clarifier pour ceux qui doutent encore.
A cet effet il est nécessaire d’appuyer  l’argumentaire religieux qui, à terme permettra de lever toutes les équivoques tendant à justifier l’excision par de la religion. A notre propos nous serons renforcés par le coordonnateur de Tostan qui précisera à l’endroit des participants son point de vue sur la question  prise sous l’angle de la religion :
Cependant, des difficultés comme :
ü  Isolement de certains villages,
ü  intoxication des religieux et de certains chefs de villages favorables à l’excision,
ü  manque de suivi des déclarations,
ü  l’indifférence de certaines autorités,
ü  Non dénonciation,
ü  Aucune  sanction sur les violeurs de la loi
ü  ainsi que le fait que des pays limitrophes du Sénégal n’ont pas encore interdit l’excision font que les violations  subsistent  encore.
ü  Une insuffisance de concertation entre acteurs sur les approches, les stratégies, les mécanismes de suivi de l’abandon de l’excision etc….

                                                                     Pour les solutions préconisées
ü  Renforcer les CGC déjà formés au PRCC.
ü  Renforcer les CDPE, CS et les CVPE,
ü  Démasquer les exciseuses et les conscientiser sur les méfaits de la pratique (argumentaires médical et juridique)
ü  Mettre en œuvre des programmes de formation sur les droits humains au niveau transfrontalier
Créer des comités de veille transfrontaliers etc
Mais face à  l’espérance suscitée par Tostan, comme gardien des droits humains dans le département, et son degré d’engagement pour la promotion des droits humains, le préfet du département après avoir remercié et magnifié le travail du CDPE et de TOSTAN ( partenaire technique et financier) et tous les autres intervenants, poursuivant les mêmes buts ou similaires et qui œuvrent sans relâche pour le bien être des femmes et des enfants,  dans la zone (UNFPA/UNICEF….) plaidera pour que des actions  urgentes soient  engagées  pour amener les défenseurs de l’excision à la raison et en fin arriver à l’éradication totale de ce fléau qui a fait près de 140 millions de victimes  féminines à travers le monde. Il exhortera  les  acteurs à continuer la sensibilisation en trouvant toujours les mots justes pour vaincre les maux dont souffrent nos populations depuis l’aube des temps.
Il insistera sur l’ouverture du combat à d’autres structures comme le réseau des femmes enseignantes et les conseils de jeunesses. Il demandera à Tostan de les intégrer dans leur dispositif comme, d’ailleurs, il l’a lui-même fait et dit être convaincu qu’une synergie  multisectorielle et multi acteurs arrivera à bout de cette pratique vieille de plus de 2000ans.  Il terminera son discours  en demandant  aux réseaux de femmes (Enseignantes/ Conseil consultatif des femmes de Bakel) à travailler en étroite collaboration  pour aider à relever les défis de l’heure. Il s’engage à les impliquer d’avantage dans l’exécution des PTA futurs.
En fin il demandera l’intensification de la lutte pour le  respect des droits humains dans le département et la consolidation de la lutte contre l’excision transfrontalière.

SITUATION DE l’ABADON DE l’EXCISION DANS LA REGION DE TAMBACOUNDA
Département
Nombre de villages officiels
Nombre de villages Bénéficiaires
Nombre de villages déclarants
Nombre de villages à toucher
Bakel
184
79
158
26
Goudiry
337
120
284
53
Tambacounda
317
57
143
174
Koumpentoum
277
31
63
214
Total
1 109
287
469
640





 











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