samedi 26 novembre 2016

Rencontre transfrontalière à Kidira pour l'abandon des mutilations génitales féminines.

 La rencontre transfrontalière entre la commune de Diboly au Mali et  la commune de Kidira au Sénégal pour l’harmonisation des politiques inter-Etats pour l’abandon de l’excision, s’est tenue ce jeudi 24 novembre 2016 à 10 heures à l’ hôtel de ville de Kidira sous la présidence de l’adjoint au sous- préfet de l’arrondissement monsieur Mouhamadou Hanne qui avait à ses côtés le 1er adjoint au maire de la ville monsieur Samba Abdoul Diallo et le maire de la commune de Bélé monsieur Seydou KA.
Des Invités de marques comme monsieur Sékhou Soumaré, 1er adjoint au  maire de la commune de Diboly – Mali à la tête d’une forte délégation ; Mr. Mouhamed Basse, consultant ; Mr. Abdoul Aziz Sy, responsable programme Tostan/Sénégal ; Mr Arona Sy coordonnateur du programme dans la zone Est ( Kédougou et Tambacouda), Mme Khady Sy membre du CDPE de Bakel, conférencière du jour ; Mr. Abdou K. Mané, responsable du bureau genre à l’IEF de Bakel et membre du CDPE, des présidentes de GPF, des conseillères municipales, des associations de jeunes et les « Badiènes Gokh » .
Après la  cérémonie protocolaire, le président de séance donnera la parole à Khady Sy pour une présentation sur la situation de l’abandon au Sénégal et voici ce qu’elle en dit ;

Situation de la pratique de l’excision au Sénégal

Arona sy, coordonnateur du programme dans la zone
et Mme khady Sy (CDPE) conférencière du jour
« S’agissant des mutilations génitales féminines dans le monde, plus de 130 millions de filles et de femmes sont des victimes de cette pratique. Chaque année, environ 3 millions de filles dans le monde subissent la pratique. Si cette tendance perdure, environ 86 millions de filles y seront soumises d’ici 2030.
En Afrique, environ 92 millions de femmes et de jeunes filles ont été excisées, parfois dès l’âge de 10 ans. C’est dans les 29 pays du Moyen-Orient et d’Afrique, plus particulièrement en Afrique de l’Ouest que la pratique est la plus répandue.
Au Sénégal, 26% des femmes de 15-49 ans ont déclaré être excisées par comparaison en 2005, cette proportion était de 28%. Cette prévalence cache des disparités régionales et ethniques. En effet, il est établi selon EDS continu 2014 que c’est dans les zones du Nord, du Sud et de l’Est que la proportion des filles âgées de moins de 15 ans est la plus importante avec des taux qui varient entre les régions : Kédougou (36%), Matam (53%), Sédhiou (51%), Tambacounda (42%) et Kolda (46%) et Ziguinchor (32%). Ces chiffres témoignent de l’ampleur du problème et expliquent combien cette pratique constitue un obstacle pour la santé de la jeune fille et une atteinte à ses droits.
Ainsi considérant que ces pratiques peuvent engendrer des problèmes psychologiques et sociaux, et qu’elles sont généralement à l’origine de problèmes de santé lors des accouchements, avec des complications pouvant entrainer la mort de la mère ou celle du nouveau-né, les autorités étatiques, les associations et les ONG ont développé des initiatives et stratégies d’intervention pour promouvoir leur abandon définitif.
C’est dans ce contexte que  le Sénégal a adopté la loi N°99-05 du 29 Janvier 1999, modifiant le Code Pénal et interdisant la pratique des mutilations génitales féminines et de toutes les formes de violences portant atteinte à l’intégrité physique des filles et des femmes. Cette mesure de haute portée politique et juridique a été soutenue au plan institutionnel par les plans d’action 2000-2005 et 2010-2015. NDLR : Dans la pratique cette loi n’est pas ou  est peu appliquée : l’impunité persiste.
Certes le premier plan d’action a permis de développer les capacités communautaires à promouvoir l’abandon de l’excision à travers un vaste mouvement de transformation sociale basée sur la mobilisation communautaire: 4458 sur 5000 communautés pratiquant l’excision ont fait des déclarations publiques d’abandon.
Cependant  malgré les efforts effectués pour l’abandon total de l’excision, ce plan n’a pas donné les résultats escomptés : il existe encore des poches de résistances liées à la religion, à l’influence des émigrés (Mauritanie, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Mali) et à la persistance de certains détracteurs notamment dans le Nord et dans l’Est du pays.
A cette fin, il a été lancé en 2010, un deuxième plan d’action national pour l’accélération de l’abandon total de l’excision d’ici 2015.
Ce deuxième plan d’action basé sur l’approche Droits Humains mise sur le renforcement des capacités des communautés, et en particulier des femmes et des filles, à promouvoir et sauvegarder leurs propres droits humains.
Le Sénégal en est à son extension jusqu’en 2017 pour améliorer les résultats probants déjà engrangés. Afin de soutenir les efforts des partenaires techniques et financiers ainsi que la société civile dans la promotion de l’abandon de l’excision, l’Etat du Sénégal a inscrit la problématique dans une dynamique multisectorielle. En ce sens, les ministères de la femme, de la famille et de l’enfance, de la santé, de la justice, de la jeunesse et de l’éducation s’organisent au même titre que les organisations de la société civile dans un comité technique national de suivi. Ce comité est administré par le Conseil interministériel présidé par le Premier ministre. Cette volonté politique cadre avec les actions menées au niveau de la base par les ONG comme Tostan, Coseprat, AJS, Foddé, Enda, World vision, etc. afin d’arriver à un changement social. Pour y parvenir  le changement de comportement nécessite que l’accent soit mis sur la sensibilisation, la formation et l’éducation des populations pour accélérer l’abandon de ces pratiques néfastes.

Mettre fin à ces pratiques préjudiciables pour la jeune fille contribueront à accélérer les efforts pour parvenir à un avenir plus sûr, plus sain et plus prospère pour les filles dans le monde entier et plus particulièrement en Afrique et au Sénégal et à l’atteinte des Objectifs de Développement Durables notamment l’objectif 5 visant l’égalité de genre et l’autonomisation des filles et des femmes, dira-t-elle.
Elle martèle en disant l’importance à initier des actions visant la promotion et le respect des droits des filles. Des actions qui ont pour but d’apporter de véritables changements des normes sociales aux fins  de les rendre plus équilibrées et en accord avec les principes d’égalité des sexes.
Selon encore elle, les défis du Sénégal se présentent comme suit :
1/ Vulgariser la loi interdisant l’excision
2/ Renforcer les capacités des médias dans la dissémination de l’information sur les conséquences néfastes
3/ Former les acteurs multisectoriels sur l’approche droits humains, l’argumentaire médical et l’argumentaire juridique
4/ Mutualiser avec les pays de la sous région pour arriver à une stratégie sous régionale de promotion de l’abandon de l’excision » dira- t-elle en conclusion, sous un tonnerre  d’applaudissements.
Après la communication de la partie malienne sur la même question, un résumé de la situation de l’abandon de l’excision dans les deux pays sera fait par le coordonnateur régional et en fin, place sera faite à une large discutions sur les actions à entreprendre pour l’abandon de l’excision au niveau des frontières des deux pays. Parmi les actions phares retenues on peut citer la création d’un comité de lutte transfrontalier entre les deux communes distant de moins  de 1000m qui partagent le même réseau social, mise en place d’un plan d’action commun, tenue de réunions bimestrielles alternées entre les  communes, jumelage des villes, renforcer l’éducation des filles, punir les pratiquantes, etc….
Pour notre part, nous nous souviendrons avec fierté d’avoir participés à cette rencontre organisée par Tostan et ses partenaires (UNFPA/UNICEF) et l’Etat du Sénégal pour la promotion des droits humains à la frontière entre le mali et le Sénégal.


 




moment de prières


le maire de la commune de bélé (blanc), l'adjoint au sous-préfet
 de kidira et le 1er adjoint au maire de kidira


Mme Maguette Niasse comptable à Tostan

partcipantes

photo de famille

La délégation de la communauté malienne 

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