Le Préfet du département de Bakel, monsieur
Mamadou Mbaye, a présidé la réunion de
partage sur l’accélération de l'abandon de l’excision au Sénégal, ce mardi 29 novembre 2016 à 10 heures précises à la salle
de délibération de la Mairie de Bakel, avec les membres du CDPE et l’ONG Tostan dans l’optique de
permettre à ces deux partenaires de faire le point sur les activités réalisées
et les résultats du plan d’action (CDPE/TOSTAN).
Il s’agissait de
présenter les activités menées sur le terrain et les résultats du plan d’action
(CDPE/TOSTAN), relatifs aux respects des
droits humains en général et à l’abandon de l’excision en particulier,
dans le département.
C’est dans les zones du Nord, du Sud et de l’Est que la proportion des
filles âgées de moins de 15 ans est la plus importante avec des taux qui
varient entre les régions : Kédougou
(36%), Matam (53%), Sédhiou (51%), Tambacounda (42%) et Kolda (46%) et
Ziguinchor (32%). Ces chiffres témoignent de l’ampleur du problème et
expliquent combien cette pratique constitue un obstacle pour la santé de la
jeune fille et une atteinte à ses droits.
Ainsi,
considérant que ces pratiques peuvent engendrer des problèmes
psychologiques et sociaux, et qu’elles sont généralement à l’origine de
problèmes de santé lors des accouchements, avec des complications pouvant
entrainer la mort de la mère ou celle du nouveau-né, les autorités étatiques,
les associations et les ONG ont développé des initiatives et stratégies
d’intervention pour promouvoir leur abandon définitif.
SITUATION
DANS LE DÉPARTEMENT DE BAKEL
Bakel est une zone située à l’Est du Sénégal et
est frontalière avec la
Mauritanie et le Mali. Cette situation en
fait un véritable carrefour ethnique et multi- culturel où Bambaras, Peuls,
Soninké, Wolofs et autres cohabitent et perpétuent leurs traditions
ancestrales.
L’enclavement et l’analphabétisme ont favorisé le
maintien des pratiques néfastes à la santé telle que l’excision, le mariage des
enfants et les mariages forcés.
Tostan et ses partenaires, en particulier l’UNFPA,
interviennent depuis 2000 pour
appuyer l’action de l’état pour l’abandon total de l’excision.
Le Comité de protection des enfants, intervient depuis
2000 pour appuyer l’action de
l’état pour l’abandon total de l’excision.
Le CDPE DE Bakel, partenaire exécutant du
programme, fera le point sur la
situation de l’abandon de l’excision dans le département qui est aussi
confronté à la persistance du fléau. Le phénomène continue à prendre de l’ampleur
malgré son interdiction par l’adoption de la loi n° 99- 05 du 29 janvier 1999
qui fut un acquis de taille. Cette loi permet essentiellement de réprimer la
pédophilie, les violences conjugales, les mutilations génitales féminines et le
harcèlement sexuel. Elle a défini le viol et a rendu plus sévères les sanctions
pénales. Dans la pratique cette loi n’est pas ou est peu appliquée :
l’impunité persiste.
Pour
atteindre ses objectifs dans le département de Bakel, Tostan a mis à
contribution des acteurs multisectoriels et multi acteurs ( CDPE,
Imams, ICP, AMS, Enseignants, OCB, GPF, CLVF, les comités de
veille, les jeunes) pour des actions de communication, de plaidoyer,
sensibilisation pour l’abandon totale de l’excision en promouvant des
argumentaires médicaux et juridiques et la vulgarisation de la loi interdisant cette pratique mais aussi en
termes de capacitation des jeunes dans l’identification, la prévention, la
gestion des conflits et au rapportage des cas pratiques néfastes et violences
faites aux filles , les actions à
entreprendre pour le respect des droits humains. Jusqu’à ce jour, sur les 184
villages officiels que comptent le département, seuls 26 villages sont encore
réticents. C’est dire que 158 villages ont été sensibilisés et ont signé l’acte
de déclaration d’abandon de l’excision.
Pour
les villages réticents visités par Le CDPE on peut noter Diamwelly, Carrefour,
Kadiel, Samba Yidé, Ouro Thierno, Samba Niamé, Diboly Foulbé, Kahé, entre
autres. Mais ce qui paraît le plus important aux yeux des communautés
musulmanes qui refusent d’abandonner
c’est de savoir le statut de cette pratique dans la religion. « Est-ce une obligation ? Est-
ce une Sunna ? Est- ce licite ? Est-ce un bienfait pour les
filles ? Sur quoi peut- on fonder son interdiction ? » autant de
questions à clarifier pour ceux qui doutent encore.
A
cet effet il est nécessaire d’appuyer
l’argumentaire religieux qui, à terme permettra de lever toutes les
équivoques tendant à justifier l’excision par de la religion. A notre propos
nous serons renforcés par le coordonnateur de Tostan qui précisera à l’endroit
des participants son point de vue sur la question prise sous l’angle de la religion :
Cependant, des difficultés comme :
ü Isolement
de certains villages,
ü intoxication
des religieux et de certains chefs de villages favorables à l’excision,
ü manque
de suivi des déclarations,
ü l’indifférence
de certaines autorités,
ü Non
dénonciation,
ü Aucune sanction sur les violeurs de la loi
ü
ainsi que le fait que des pays limitrophes du Sénégal n’ont
pas encore interdit l’excision font que les violations subsistent encore.
ü
Une
insuffisance de concertation entre acteurs sur les approches, les stratégies,
les mécanismes de suivi de l’abandon de l’excision etc….
Pour les solutions préconisées
ü
Renforcer les CDPE, CS et les CVPE,
ü
Démasquer les exciseuses et les conscientiser sur
les méfaits de la pratique (argumentaires médical et juridique)
ü
Mettre en œuvre des programmes de formation sur les
droits humains au niveau transfrontalier
Créer des comités de veille
transfrontaliers etc
Mais face
à l’espérance suscitée par Tostan, comme gardien
des droits humains dans le département, et son degré d’engagement pour la
promotion des droits humains, le préfet du département après avoir remercié et
magnifié le travail du CDPE et de TOSTAN ( partenaire technique et financier)
et tous les autres intervenants, poursuivant les mêmes buts ou similaires et qui
œuvrent sans relâche pour le bien être des femmes et des enfants, dans la zone (UNFPA/UNICEF….) plaidera pour
que des actions urgentes soient engagées pour amener les défenseurs de l’excision à la
raison et en fin arriver à l’éradication totale de ce fléau qui a fait près de
140 millions de victimes féminines à
travers le monde. Il exhortera les acteurs à continuer la sensibilisation en
trouvant toujours les mots justes pour vaincre les maux dont souffrent nos
populations depuis l’aube des temps.
Il insistera sur l’ouverture du
combat à d’autres structures comme le réseau des femmes enseignantes et les
conseils de jeunesses. Il demandera à Tostan de les intégrer dans leur dispositif
comme, d’ailleurs, il l’a lui-même fait et dit être convaincu qu’une
synergie multisectorielle et multi
acteurs arrivera à bout de cette pratique vieille de plus de 2000ans. Il terminera son discours en demandant
aux réseaux de femmes (Enseignantes/ Conseil consultatif des femmes de
Bakel) à travailler en étroite collaboration
pour aider à relever les défis de l’heure. Il s’engage à les impliquer
d’avantage dans l’exécution des PTA futurs.
En fin il demandera
l’intensification de la lutte pour le
respect des droits humains dans le département et la consolidation de la
lutte contre l’excision transfrontalière.
SITUATION DE l’ABADON DE
l’EXCISION DANS LA REGION DE TAMBACOUNDA
Département
|
Nombre
de villages officiels
|
Nombre
de villages Bénéficiaires
|
Nombre
de villages déclarants
|
Nombre
de villages à toucher
|
Bakel
|
184
|
79
|
158
|
26
|
Goudiry
|
337
|
120
|
284
|
53
|
Tambacounda
|
317
|
57
|
143
|
174
|
Koumpentoum
|
277
|
31
|
63
|
214
|
Total
|
1
109
|
287
|
469
|
640
|