La
rencontre transfrontalière entre la commune de Diboly au Mali et la commune de Kidira au Sénégal pour l’harmonisation
des politiques inter-Etats pour l’abandon de l’excision, s’est tenue ce jeudi
24 novembre 2016 à 10 heures à l’ hôtel de ville de Kidira sous la présidence
de l’adjoint au sous- préfet de l’arrondissement monsieur Mouhamadou Hanne qui
avait à ses côtés le 1er adjoint au maire de la ville monsieur Samba
Abdoul Diallo et le maire de la commune de Bélé monsieur Seydou KA.
Des Invités de marques comme monsieur Sékhou
Soumaré, 1er adjoint au maire
de la commune de Diboly – Mali à la tête d’une forte délégation ; Mr.
Mouhamed Basse, consultant ; Mr. Abdoul Aziz Sy, responsable programme
Tostan/Sénégal ; Mr Arona Sy coordonnateur du programme dans la zone Est (
Kédougou et Tambacouda), Mme Khady Sy membre du CDPE de Bakel, conférencière du
jour ; Mr. Abdou K. Mané, responsable du bureau genre à l’IEF de Bakel et
membre du CDPE, des présidentes de GPF, des conseillères municipales, des
associations de jeunes et les « Badiènes Gokh » .
Après la cérémonie protocolaire, le président de séance
donnera la parole à Khady Sy pour une présentation sur la situation de l’abandon
au Sénégal et voici ce qu’elle en dit ;
Situation
de la pratique de l’excision au Sénégal
Arona sy, coordonnateur du programme dans la zone et Mme khady Sy (CDPE) conférencière du jour |
« S’agissant
des mutilations génitales féminines dans le monde, plus de 130 millions de
filles et de femmes sont des victimes de cette pratique. Chaque année, environ
3 millions de filles dans le monde subissent la pratique. Si cette tendance
perdure, environ 86 millions de filles y seront soumises d’ici 2030.
En Afrique, environ 92 millions de femmes et de jeunes filles ont été
excisées, parfois dès l’âge de 10 ans. C’est dans les 29 pays du Moyen-Orient
et d’Afrique, plus particulièrement en Afrique de l’Ouest que la pratique est
la plus répandue.
Au Sénégal, 26% des femmes de 15-49 ans ont déclaré être excisées par
comparaison en 2005, cette proportion était de 28%. Cette prévalence cache des
disparités régionales et ethniques. En effet, il est établi selon EDS continu
2014 que c’est dans les zones du Nord, du Sud et de l’Est que la proportion des
filles âgées de moins de 15 ans est la plus importante avec des taux qui varient
entre les régions : Kédougou (36%), Matam (53%), Sédhiou (51%),
Tambacounda (42%) et Kolda (46%) et Ziguinchor (32%). Ces chiffres témoignent
de l’ampleur du problème et expliquent combien cette pratique constitue un
obstacle pour la santé de la jeune fille et une atteinte à ses droits.
Ainsi considérant que ces pratiques peuvent engendrer des problèmes
psychologiques et sociaux, et qu’elles sont généralement à l’origine de
problèmes de santé lors des accouchements, avec des complications pouvant
entrainer la mort de la mère ou celle du nouveau-né, les autorités étatiques,
les associations et les ONG ont développé des initiatives et stratégies
d’intervention pour promouvoir leur abandon définitif.
C’est dans ce contexte que le
Sénégal a adopté la loi N°99-05 du 29 Janvier 1999, modifiant le Code Pénal et
interdisant la pratique des mutilations génitales féminines et de toutes les
formes de violences portant atteinte à l’intégrité physique des filles et des
femmes. Cette mesure de haute portée politique et juridique a été soutenue au
plan institutionnel par les plans d’action 2000-2005 et 2010-2015. NDLR : Dans la pratique cette loi
n’est pas ou est peu appliquée : l’impunité
persiste.
Certes le premier plan d’action a permis de développer les capacités
communautaires à promouvoir l’abandon de l’excision à travers un vaste
mouvement de transformation sociale basée sur la mobilisation communautaire:
4458 sur 5000 communautés pratiquant l’excision ont fait des déclarations publiques
d’abandon.
Cependant malgré les efforts
effectués pour l’abandon total de l’excision, ce plan n’a pas donné les
résultats escomptés : il existe encore des poches de résistances liées à
la religion, à l’influence des émigrés (Mauritanie, Gambie, Guinée Bissau, Guinée
Conakry, Mali) et à la persistance de certains détracteurs notamment dans le
Nord et dans l’Est du pays.
A cette fin, il a été lancé en 2010, un deuxième plan d’action national
pour l’accélération de l’abandon total de l’excision d’ici 2015.
Ce deuxième plan d’action basé sur l’approche Droits Humains mise sur le
renforcement des capacités des communautés, et en particulier des femmes et des
filles, à promouvoir et sauvegarder leurs propres droits humains.
Le Sénégal en est à son extension jusqu’en 2017 pour améliorer les
résultats probants déjà engrangés. Afin de soutenir les efforts des partenaires
techniques et financiers ainsi que la société civile dans la promotion de
l’abandon de l’excision, l’Etat du Sénégal a inscrit la problématique dans une
dynamique multisectorielle. En ce sens, les ministères de la femme, de la
famille et de l’enfance, de la santé, de la justice, de la jeunesse et de
l’éducation s’organisent au même titre que les organisations de la société
civile dans un comité technique national de suivi. Ce comité est administré par
le Conseil interministériel présidé par le Premier ministre. Cette volonté
politique cadre avec les actions menées au niveau de la base par les ONG comme
Tostan, Coseprat, AJS, Foddé, Enda, World vision, etc. afin d’arriver à un
changement social. Pour y parvenir le
changement de comportement nécessite que l’accent soit mis sur la
sensibilisation, la formation et l’éducation des populations pour accélérer
l’abandon de ces pratiques néfastes.
Mettre fin à ces pratiques préjudiciables pour la jeune fille
contribueront à accélérer les efforts pour parvenir à un avenir plus sûr, plus
sain et plus prospère pour les filles dans le monde entier et plus
particulièrement en Afrique et au Sénégal et à l’atteinte des Objectifs de Développement
Durables notamment l’objectif 5 visant l’égalité de genre et l’autonomisation
des filles et des femmes, dira-t-elle.
Elle martèle en disant l’importance à initier des actions visant la
promotion et le respect des droits des filles. Des actions qui ont pour but
d’apporter de véritables changements des normes sociales aux fins de les rendre plus équilibrées et en accord
avec les principes d’égalité des sexes.
Selon encore elle, les défis du Sénégal se présentent comme suit :
1/ Vulgariser la loi interdisant l’excision
2/ Renforcer les capacités des médias dans la dissémination de
l’information sur les conséquences néfastes
3/ Former les acteurs multisectoriels sur l’approche droits humains,
l’argumentaire médical et l’argumentaire juridique
4/ Mutualiser avec les pays de la sous région pour arriver à une
stratégie sous régionale de promotion de l’abandon de l’excision » dira-
t-elle en conclusion, sous un tonnerre d’applaudissements.
Après la communication de la partie malienne sur la même question, un
résumé de la situation de l’abandon de l’excision dans les deux pays sera fait
par le coordonnateur régional et en fin, place sera faite à une large
discutions sur les actions à entreprendre pour l’abandon de l’excision au
niveau des frontières des deux pays. Parmi les actions phares retenues on peut
citer la création d’un comité de lutte transfrontalier entre les deux communes
distant de moins de 1000m qui partagent
le même réseau social, mise en place d’un plan d’action commun, tenue de
réunions bimestrielles alternées entre les communes, jumelage des villes, renforcer l’éducation
des filles, punir les pratiquantes, etc….
Pour notre part, nous nous souviendrons avec fierté d’avoir participés à
cette rencontre organisée par Tostan et ses partenaires (UNFPA/UNICEF) et l’Etat
du Sénégal pour la promotion des droits humains à la frontière entre le mali et
le Sénégal.
moment de prières |
le maire de la commune de bélé (blanc), l'adjoint au sous-préfet de kidira et le 1er adjoint au maire de kidira |
Mme Maguette Niasse comptable à Tostan |
partcipantes |
photo de famille |
La délégation de la communauté malienne |